Fin de la Carretera Austral chilienne

Jeudi 16 décembre

Voici quelques images de notre remontée vers le nord de la Carretera Austral. Très peu de soleil, en tout cas pas durable, du froid, de la pluie, de la neige, une carretera qui prend modestement le nom de « camino de penetracion, et qui le mérite bien: nids de poule en chapelets et tôle ondulée !

Mais on commence aussi à trouver du goudron dans certains secteurs et nous avons même vu une petite caravane de camping-cars allemands qui s'y risquaient prudemment.

Une explosion des lupins, des mousses, des lichens, spécialement sur la moraine du Glacier Colgante au Parc Queulat, toujours de belles montagnes, une végétation exubérante, des nalcas plus hautes que nous.

La récompense, ce furent les Termas de Amarillo dont les eaux à 38° ont détendus nos dos fatigués!

Trois volcans dans cette région proche de Chaiten: le Chaiten, leMichinmahuida( 2404m), le Corcovado( 2300m).

Ce petit port de 3500 habitants a été ravagé par une éruption du volcan Chaiten en mai 2008. Il n'y a pas eu de victimes humaines, les gens ayant été évacués à temps. Ce sont les boues volcaniques transportées par le rio qui ont détruit les maisons. Spectacle impressionnant qui fend le coeur et tragique pour les habitants. Certains sont revenus, vivent apparemment sans électricité, les rues ont été dégagées et quelques commerces vivotent. Le nouveau pouvoir au Chili aurait décidé tout récemment de reconstruire la ville. On a déjà canalisé le rio. Mais quel chantier! Il faudrait tout raser . Certains quartiers ont été épargnés car plus éloignés du torrent et tentent de revivre .Le port de pêche n'existe plus puisque la baie a été comblée par les boues volcaniques et les troncs d'arbres arrachés en amont. La mer est à un km maintenant. On a dû recreuser un petit débarcadère sur un côté pour permettre à la navigation avec Chiloé, Hornopiren et Puerto Montt de reprendre.

Le responsable de ce drame, c'est le volcan Chaiten, qui ne paye pas de mine avec ses 962m. Mais la dangerosité d'un volcan ne se mesure pas à sa taille. Il est , parait-il, d'un type particulier: à l'intérieur du cratère, pousse une sorte de dôme, qui gonfle, gonfle, puis explose. Il n'y avait pas eu d'éruption conséquente depuis 9000 ans.

C'est un jeune spécialiste en géologie français que nous avons rencontré à la Caleta Santa Barbara qui nous a donné quelques explications. Ceux qui voudraient en savoir davantage trouveront les éclaircissements que je ne pourrais donner sur internet. En tout cas les fumées des photos, c'est la vapeur d'eau qui se dégage au contact de la pluie et de la chaleur du volcan.

C'est un parc privé, propriété d'un riche Américain, Douglas Tompkins, qui , pour protéger ces paysages sauvages et intacts de Patagonie, dont il était tombé amoureux, a créé un immense parc ouvert au public, gratuitement,. Le parc était fermé depuis deux ans à cause de l'éruption du Chaiten qui a causé de gros dégats dans certains secteurs .

Route bien entretenue, départ de sentiers bien indiqués, parcours aménagés de passerelles, escaliers, ponts suspendus, campings croquignolets de 4 ou 5 emplacements, insérés dans la forêt , dans un état impeccable, seul le Parc Torres del Paine peut rivaliser avec lui au Chili.

Plus que les paysages ( vallées encaissées dans des montagnes sombres couvertes de forêts), ce que nous avons apprécié, c'est la possibilité, grâce à ces aménagements, de rentrer, sans coupe-coupe ni tronçonneuse, dans la forêt pluviale , autrement impénétrable.

Nous avons parcouru avec bonheur, mais parfois sous la pluie fine, le sentier des Cascades Cachées où tous les arbres sont enveloppés de mousses, lianes et lichens tant l'humidité est grande, celui des Alerces, ces immenses résineux qui peuvent vivre plus de 2000 ans et dont le tronc s'élève d'un seul jet vers le ciel. Pour le 3ème sentier , celui du lago Tronador , qui n'avait pas encore été remis en état pour la saison estivale, nous nous y sommes risqués, mais sans parvenir jusqu'au bout car les arbres tombés sur la trace , l'eau qui dévalait sur nos pieds, les nalcas rugueuses, les fougères géantes et les quilas, sortes de bambous, nous contraignaient un peu trop à jouer les Indiana Jones!

Samedi 18 décembre

Nous prenons demain un bateau qui relie Chaiten et Hornopiren, un peu plus au nord, car la carretera est interrompue par la mer; ensuite, il faut faire encore un peu de piste, puis franchir un fjord par un petit ferry, avant de rejoindre ENFIN Puerto Montt.

Nous allons retrouver une famille belge avec 3 enfants qui fera les mêmes traversées que nous. Ils vivaient en Equateur depuis 6 ans et s'apprêtent à retourner en Belgique pour la scolarité des enfants; avant de quitter ce continent, ils font en 6 mois un tour de l'Amérique du sud en fourgon et 2 tentes de toit.

Précieuse rencontre pour nous qui nous apprêtons à visiter l'Equateur.

Page suivante