Au pays des Chachapoyas

13 mai 2011

Une page culturelle pour changer des forêts humides !

Nous sommes dans la région des Hauts Plateaux du Nord péruvien, plus précisément dans les montagnes brumeuses des Chachapoyas.

Qui étaient ces Chachapoyas ? Un peuple précolombien de guerriers, le "peuple des nuages" ( à cause du voile de nuages qui baigne fréquemment ces hauteurs) qui, entre 800 et 1470, contrôlait le vaste territoire qui entoure l'actuelle ville de Chachapoyas. Puis ils furent envahis, non sans une farouche résistance, par les Incas.

Que savons-nous d'eux? Qu'ils étaient des guerriers, des chamans et des bâtisseurs et avaient développé une civilisation originale dans ces zones d'altitude qui les isolaient.

Quels témoignages avons-nous de cette culture? Des centaines de vestiges archéologiques, parfois difficilement accessibles, éparpillés dans les environs de Chachapoyas et qui n'ont pas encore été tous fouillés.

Nous en avons visité quelques-uns , qui se méritent, pistes vertigineuses , étroites, et marche à pied, mais nous ne nous attendions pas à découvrir des sites si originaux et si peu fréquentés, malgré leur grand intérêt. Pour les marcheurs et les cavaliers, cette région est riche en treks de première grandeur.

Chachapoyas

C'est on gros bourg paisible, isolé au bout d'une route quasi en cul-de-sac, à 2335m. d'altitude et où l'air est vif. Nous y avons fait une étape pour un plein de provisions avant les nombreux kilomètres de piste en perspective. La ville n'a pour toute richesse qu'une jolie place centrale , une rue piétonne datant de l'époque coloniale et un marché animé .

Karajia

Au bout d'une piste bien cahoteuse, s'amorce un sentier qui conduit en une heure de marche à ce site funéraire fascinant perché à flanc de falaise . Six sarcophages de bois, de paille et d'argile, à figures humaines, se dressent sur une vire inaccessible. Les personnages au visage triste semblent regarder la vallée. Les vêtements sont décorés de frises et motifs géométriques . On voit des crânes au-dessus de certains sarcophages : trophées de guerre ? sacrifices humains ?

Ces sarcophages contenaient des momies de gens importants, chamans, guerriers et chefs.

Dans les falaises, indifférents à ce voisinage lugubre, nichent des perroquets.

Kuelap

Alt. 3100m

Kuelap est une forteresse impressionnante qui couronne une montagne calcaire escarpée . Je ne dirais pas que ce site vaut le Macchu Pichu, mais cette cité de pierre fortifiée qui trône au sommet d'une montagne et au pied de laquelle nous avons pu bivouaquer, nous a fait une forte impression. Et là, au moins, il n'y a pas la foule. Le panorama sur les monts environnants est exceptionnel.

Kuelap a été construite entre 900 et 1100, redécouverte en 1843. Le travail de la pierre est moins précis que celui des Incas, mais quand même étonnant : imaginez une muraille curviligne, massive, de 6 à 12 mètres de haut qui ceinture la cité, les 3 niveaux où s'étagent les maisons circulaires, décorées de frises en relief ( dont les motifs géométriques ont été repris sur les murs des maisons d'aujourd'hui) et qui, bien sûr, ont perdu leur toit . Un archéologue en a reconstitué un en paille et très pentu pour l'écoulement de la pluie. On a recensé plus de 400 bâtiments, un temple sur le sommet où avaient lieu les cérémonies, les sacrifices d'animaux, une tour de guet...

Ces ruines en cours de restauration s'étagent au mileu d'une végétation généreuse, les arbres sont couverts de broméliacées géantes et de superbes orchidées , différentes de celles que nous avions admirées en Equateur

Leimebamba

Les Chachapoyas veillaient à la vie éternelle de leurs morts et les momifiaient. En 1996, on a découvert sur une corniche suspendue au-dessus d'un lac isolé de la forêt de nuages un site funéraire de 6 "chullpas" (tours funéraires andines) contenant plus de 200 momies avec des céramiques, des textiles, des statues de bois, des instruments de musique, tout ce qui devait accompagner les morts dans l'au-delà.

Ces momies, découvertes à la Laguna Los Condores, sont exposées au très esthétique musée de Leimebamba.

Ce n'est pas une momification comme la pratiquaient les anciens Egyptiens, mais, une fois le corps desséché naturellement, on faisait un paquet des os qu'on entourait d'une housse de bandelettes. Celle-ci était placée dans une sorte de cage en bois qu'on portait avec des cordes sur le lieu de la sépulture.

Nous avons manqué le site de Revash qui abrite des maisons funéraires, toujours à flanc de falaise, peintes en rouge et crème. Mais le musée de Leimebamba nous a permis de voir des maquettes et fac similé très éclairants.

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