• D'Aoullouz à Ijoukak

Après avoir pris deux jours de repos à Taliouine où nous avons fait le plein de tout et même d'amitié, nous avons repris la direction de Marrakech, notre destination pour Noël : nous avons tracé un itinéraire de pistes qui s'enchaînent, montant de la vallée du Sous depuis Aoullouz jusqu'au milieu de la descente nord du Tizi n'Test.

Parcours tout aussi beau que le précédent , mais très différent car plus boisé, dans des terres rouges ou ocres. Une piste assez facile, mais très étroite, de quoi donner quelques suées, en surplomb de spectaculaires canyons sur les flancs desquels s'accrochent de pittoresques villages berbères couleur de terre, loin de tout, avec toits-terrasses et cour intérieure, bien authentiques.

La végétation est plus importante: on commence avec les arganiers que les chèvres adorent au point d'y grimper, puis ce sont les cyprès, les genévriers associés aux touffes d"alfa, les thuyas. Il y a quelques sources sur le parcours et nous y avons complété notre réserve d'eau.

Un super-bivouac à un tizi , à 1300m: du bois sec en quantité, les pierres adéquates pour faire un beau foyer, du boeuf (dur! ) trouvé le matin à Taliouine. Il ne manque que le soleil, car le temps s"est un peu gâté, ciel gris, température en baisse , en attendant la pluie ?

Le lendemain: Il a plu, en effet, pendant la nuit, pour la première fois depuis que nous sommes au Maroc et les arbres ont repris des couleurs, nettoyés de la poussière de la piste.

Malgré ma grande ignorance en ce domaine, mais avec l'aide de notre livre-guide des pistes du Maroc et au travail remarquable de son auteur que je pille sans vergogne, c'est le moment de vous présenter quelqes arbres des montagnes du Sous observés sur le parcours.

Dans l'Atlas, la flore est constituée d'associations d'espèces végétales: palmier nain ou alfa, thuya de Berbérie, genévrier rouge de Phénicie, genévriers oxyèdres, coussinets et buissons épineux.Ce qui est étonnant, c'est la grande variété des genévriers et la place importante qu'ils occupent sur ces versants méridionaux de l'Atlas en- dessous de 2000m. Ils résistent tant bien que mal aux agressions humaines intenses (leur bois est réputé imputrescible et fournit des poutres pour la construction)

Quant au thuya de Berbérie, ceux qui ont flâné dans les ruelles d'Essaouira n'oublieront jamais le parfum dégagé par ce bois, utilisé pour la marqueterie , spécialité de la ville.

La pluie de la nuit a entraîné un changement de température et comme on monte au-dessus de 2000m et qu'on y reste longtemps, le brouillard a fait son apparition et nous a obligés à revoir nos plans: inutile de se geler et de ne rien voir tout en longeant des précipices assez vertigineux : nous rejoindrons donc la vallée au plus court .

Cette piste est devenue très fréquentée par les mini-bus collectifs depuis que nous avons rejoint le beau plateau d'altitude d'Ouneine et ses olivaies: il faut voir ces véhicules surchargés qui, le dimanche après-midi, ramènent vers leur lycée les jeunes qui y sont internes , il y en a même sur le toit au-dessus des bagages; on en frémit pour eux (froid glacial puisqu'il a neigé à 2000m cette nuit et pour leur sécurité: qu'en diraient nos enfants qu'on transporte à la porte de leur école en voiture?)

Nous avons terminé l'itinéraire par une descente somptueuse, car sur ce versant de la montagne le vent souffle et a dégagé le brouillard : 800 m de dénivelé pour 8 km, avec des virages que Georges a dû prendre en 3 fois ! Mais quels paysages! les sommets du Toubkal enneigés, les villages qui s'étagent au bas des falaises colorées et le fond de la vallée bien verdoyant.

Ce parcours, malgré notre déception de n'avoir pu le faire en totalité, était encore exceptionnel.

Je dois dire que depuis que nous parcourons le Maroc par ses pistes cette année, nous n'avons pas encore rencontré un seul 4X4 de touristes! Ils s'entassent sur quelques itinéraires-vedettes: dunes de Merzouga, jebel Sagho , gorges du Todra et Plage Blanche! Ils ont bien tort .

Page suivante